Profil type d'un utilisateur d'OpenStreetMap#
Date de publication initiale : 15 avril 2010
Mots-clés : OpenStreetMap | VGI | Information géographique Volontaire
Il y a quelques semaines en parcourant les différents flux rss auxquels je suis abonné, j'étais tombé sur un billet du site kelsocartography listant les différentes interventions présentées lors du Volunteered Geographic Information Workshop organisé par le CEGIS.
Bien évidemment, au regard du titre de ce workshop, vous vous doutez que le thème porte sur l'information géographique volontaire. Ce mouvement directement associé au Web2.0 (Oreilly 2007) et à sa composante cartographique le GeoWeb2.0 (Maguire 2007) entraîne une remise en cause de nos schémas habituels de production, de consommation et d'utilisation de l'information géographique. Dans cette logique, l'individu n'est plus seulement un acteur de son environnement (numérique ou pas) mais aussi un capteur de celui-ci (Goodchild 2007).
Mais quel est le profil des personnes qui gravitent autour de ce genre de projet ? Nous essayerons d'y répondre en nous appuyant sur la présentation de Nama Budhathoki qui a analysé les différents individus qui participent au projet OpenStreetMap. Les figures qui sont présentées ci-dessous sont toutes issues de sa présentation.
Tout d'abord, commençons par un aperçu général. Nama Budhathoki a, dans un premier temps, comparé le nombre d'inscrits en fonction de leur productivité.
Il en ressort que sur 117 000 mappeurs, seuls 29% (33 452) participent réellement. Il est probable que les autres se soient inscrits suite à un effet d'annonce (bouche à oreille, magazine...) mais qu'ils n'aient pas donné suite à leur initiative.
Ce constat s'accentue si nous regardons le nombre de créations. En effet, un peu moins de la moitié, soit 44%, ont créé un seul objet. Nous arrivons donc globalement à 15 000 utilisateurs réguliers. Ces chiffres datant d'Avril 2009, je me suis amusé à regarder le nombre d'inscrit en 2010. Bonne nouvelle, en moins d'un an, le nombre d'inscrit à quasiment doublé passant ainsi de 117 000 (04/1999) à 223583 (03/2010).
Fait intéressant, ce découpage se retrouve quelle que soit l'origine des contributeurs. Comme quoi il n'existe pas de déterminisme spatial. C'est dommage que nous ne disposions pas du nombre de mappeurs par pays. Cela aurait apporté un élément d'information complémentaire. Il est fort probable que nous aurions noté une nette prédominance des pays à fort développement internet .
Concernant la répartition par sexe, je suis au regret de vous dire mesdames que nous (les hommes) sommes en très nette majorité. En effet, sur un panel de 426 personnes, 96% étaient de la gente masculine. Déterminisme technologique ? Plus grand intérêt ? ... Il serait intéressant qu'une étude sociologique se penche sur cette question afin d'analyser les raisons d'une telle différence.
Un parallèle troublant est une même répartition des sexes dans le monde OpenSource : [Byron] Women in Open Source
Nous abordons maintenant un des graphiques qui me semble le plus intéressant. Celui-ci traduit l'expérience initiale des utilisateurs dans le domaine de la cartographie et des SIG. Pour la moitié, celle-ci est inexistante.
Bien que je de nombreux travaux ont d'ores et déjà démontré que la plupart des contributeurs n'avaient qu'une très faible connaissance du monde de la cartographie, je ne m'attendais pas à un tel pourcentage.
En effet, en 2008 Flanagin et Metzger notent que "information contributed by members of the public who are not geographers or even scientists" (Flanagin & Metzger 2008). Dans la même année, GoodChild arrive également au même constat "in recent years the user base for such products has grown to include large numbers of individuals with little or no training in the geospatial sciences" (Goodchild 2008)
Etudions maintenant l'origine professionnelle de ces volontaires de l'information géographique. Alors que je pensais trouver une forte présence étudiante, celle-ci ne participe qu'à hauteur de 17% loin derrière les 63% que représentent les personnes actives.
Concernant le secteur d'activité dans lequel évoluent ces personnes, il est majoritairement commercial. Le secteur public cumulé représentant tout de même 25%. En lui même ce dernier graphique ne représente pas grand-chose. Il faudrait en effet le comparer à la répartition de la population totale par activité qui doit être au final, je pense, sensiblement la même que les chiffres obtenus précédemment.
Enfin, concernant le niveau d'études des utilisateurs, nous voyons ici beaucoup d'études supérieures :
- 8 % de doctorants
- 21 % de masters (ie. maîtrise, DESS / DEA)
- 5 % de lycéens
- 66 % diplômés de l'enseignement supérieur
Au final, nous pouvons donc en déduire que le portrait type d'un utilisateur mappeur d'OpenStreetMap est un homme, d'age moyen, possédant tout de même un certain niveau d'études et dont l'expérience dans le domaine de la cartographie est faible voir nulle.
Quelques questions :
- Comment la communauté pourrait s'équilibrer un peu plus dans son rapport homme / femme ?
- Est-ce que depuis 2008 (date de cette étude), les profils des utilisateurs ont fondamentalement changé ou restent-ils similaires ?
- Est-ce que la création d'une association loi 1901 - ou un rapprochement avec l'OSGéo - aurait une influence sur le profil d'un utilisateur ?
- Comment arriver à fidéliser les contributeurs ?
Dans un prochain billet nous approfondirons les notions évoquées ci-dessus en l'abordant d'un point de vue plus sociologique. Nous étudierons notamment les mécanismes de diffusion et d'appropriation de l'innovation. Comment se propage-t-elle ? Est-il possible de faire un parallèle avec les mouvements communautaires qui fleurissent sur internet ? Ne manquez pas la suite .
Références#
Goodchild, M., 2008. ASSERTION AND AUTHORITY: THE SCIENCE OF USERGENERATED GEOGRAPHIC CONTENT.
Flanagin, A. & Metzger, M., 2008. The credibility of volunteered geographic information. GeoJournal, 72(3), 137-148.
Et une suite d'articles sur OpenStreetMap chez Liberation : Les Routards du Web
Auteur#
GeoTribu
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